Scottish Dancer Monaco Entete

Pas d'atelier le 20 novembre, Prochain atelier lundi 27 novembre à 19h. 

 

A la découverte de la danse écossaise

Les danses écossaises ne sont pas des danses folkloriques, mais des danses traditionnelles.

En effet, il ne faut pas confondre folklore et tradition. La terminologie a son importance. Le folklore est l’expression d’une identité populaire (coutumes, légendes, costumes…) figée dans le temps et souvent méprisée par les élites sociales, d’où le sens un peu péjoratif de ‘folklorique’ en français. La tradition, dont le sens premier est transmission, implique quelque chose de vivant, une évolution, un rapport avec le présent. On ne pratique pas les danses écossaises en costume régional ou d’époque et si les hommes portent le kilt dans les bals ou les grandes soirées, cela n’a rien de folklorique, le kilt se portant encore en Ecosse à certaines occasions (mariages, cérémonies, uniformes militaires…).

Il existe trois catégories de danses écossaises :

  • Les contredanses. the Scottish Country Dances
  • Les ceilidh dances, danses faciles pour tous, qui ne demandent aucune connaissance technique préalable
  • Les danses pour solistes, qui font appel à un haut niveau de technicité. Dans cette catégorie, il y a des danses pour dames, step dances for ladies, proches de la danse classique, et des danses pour hommes, Highland dances, comme The Sword Dance, la Danse des Epées, aux pas complexes et physiquement exigeants.

Ce sont les danses de la première catégorie, les contredanses, que nous souhaitons vous faire découvrir à Monaco.

Ces danses, bien entendu, ont évolué au cours des siècles, mais on peut y discerner deux influences qui font l’originalité et la spécificité de la danse écossaise.

On peut tout d’abord y déceler une influence celtique indiscutable. Dans les premiers siècles de notre ère, l’Ecosse, ou la Calédonie, comme on l’appelait alors, était peuplée de Celtes (Pictes et Scots). Ce n’est qu’au IX e siècle que l’Ecosse fut unifiée par Kenneth MacAlpin, roi des Scots, d’où son nom Scotland. On sait peu de choses sur la danse en ces temps reculés mais il est certain que la danse n’avait rien d’un divertissement. C’était des danses rituelles et symboliques liées aux cultes païens. Deux figures viennent de ce lointain passé : le cercle (ou la ronde), bien sûr, et le reel, avec toutes ses variantes. C’est une figure de huit, une sorte d’entrelacs, motif fréquent sur les tombeaux, les croix et les bijoux des Celtes. C’est le symbole de mouvement sans fin, de l’éternel retour. Le reel est la forme la plus ancienne de la danse écossaise. A ces deux figures, il faut ajouter la croix de saint André.

C’est au IX e siècle également que, selon la légende, Saint André fut reconnu comme saint patron de l’Ecosse après une victoire des Pictes et des Scots sur les Angles et les Saxons, attribuée à son intercession. C’était en 832, avant la bataille d’Athelstaneford. Une croix de saint André, formée de nuages blancs, s’était dessinée sur le bleu du ciel annonçant ainsi la victoire. On retrouve cette croix en X, avec ses multiples variantes dans de très nombreuses contredanses.

Puis, au XVIe siècle, les danses d’Ecosse subirent une seconde influence qui allait déterminer la structure des danses que nous dansons aujourd’hui. Il ne fait aucun doute que les contredanses, dansées à la Cour de France à l’époque, sont arrivées en Ecosse lorsque Marie Stuart, reine de France et d’Ecosse regagna son royaume après la mort de son mari François II. D’ailleurs, on désigne toujours certaines figures de ces danses par des termes français. Ainsi, il y a l’allemande, la poussette, la promenade, le rondel et bien d’autres encore. Ce rapport aux contredanses françaises explique la confusion entre country dances et contredanses. Il y a probablement eu une assimilation linguistique entre les deux termes. Les danses écossaises ne sont pas des danses paysannes, ce sont des danses de cour. Mais, autre particularité de ces danses écossaises, elles étaient dansées aussi bien dans les salons de l’aristocratie et de la bourgeoisie que dans les granges.

Toutefois, ces contredanses ont profondément évolué en Ecosse au cours du XVIIe siècle et sont devenues vraiment écossaises en intégrant les symboles celtiques, en privilégiant les rythmes de jigs, de reels, de strathspeys et en étant accompagnées de mélodies typiquement écossaises.

L’âge d’or de la danse écossaise et de la musique de danse écossaise fut le XVIIIe siècle. Ces danses étaient accompagnées au violon traditionnel par des fiddlers de grand talent qui étaient également compositeurs. Certains d’entre eux, comme Niel et Nathaniel Gow, William Marshall et Robert Mackintosh, pour ne citer que les plus célèbres, ont composé des airs sublimes que nous avons le bonheur d’entendre joués par nos fiddlers contemporains.

Mais au XIXe siècle, en Ecosse, les contredanses connurent le déclin, concurrencées par les danses par couples (valses, polkas…) et les quadrilles qui faisaient fureur. Au début du XXe siècle, elles avaient pratiquement disparu.

Deux facteurs les firent renaître ; les conséquences de la Première Guerre mondiale et la détermination et l’enthousiasme de trois personnes. Ce fut une véritable renaissance lorsqu’en 1923, Miss Jean Milligan, Mrs Stewart of Fasnacloich et the Duke of Atholl fondèrent The Scottish Country Dance Society à Glasgow. Le but de cette association était :

   1) de faire revivre les danses traditionnelles, le retour aux sources, à l’élégance, à la technique.

   2) de donner aux femmes seules, après la Grande Guerre qui avaient été si meurtrière, la possibilité de retrouver une vie sociale grâce aux contredanses qui permettent à tout le monde de danser. Ainsi, en 1927, dans un grand bal à Glasgow, il y avait 300 femmes et 3 hommes !

En 1951, George VI accorda le titre de Royal à la Scottish Country Dance Society qui devint la R.S.C.D.S., The Royal Scottish Country Dance Society sous le patronage du Souverain.                                                              

Le souhait des fondateurs était de faire à nouveau danser les danses écossaises en Ecosse. C’était un pari audacieux, et ce fut un pari gagné au-delà de toute espérance.                                                                  

On danse désormais ces contredanses en Ecosse, certes, mais aussi dans presque tous les pays du monde où se sont créés des branches et des groupes affiliés. Ce qui est extraordinaire et unique, c’est que partout ces danses sont enseignées et exécutées de la même façon. Et cela, grâce à l’intelligence pratique de Jean Milligan qui savait que l’enseignement méthodique des danses était essentiel. Elle décida immédiatement de former des professeurs, créa un examen, pour que ces danses soient transmises avec rigueur et authenticité. Au début, le répertoire se limitait aux danses trouvées dans des recueils anciens ou recueillies chez des gens qui les avaient pratiquées. Mais ce répertoire ne resta pas figé. Il s’enrichit constamment. De nouvelles danses sont composées pour célébrer des personnes, des lieux, des événements. De nouvelles figures et de nouvelles chorégraphies sont inventées mais ces créations restent toujours fidèles à la tradition aussi bien pour les chorégraphies que par les musiques qui les accompagnent.

Pourquoi, ces contredanses écossaises ont-elles conquis le monde ?

Sans doute par l’intérêt de leurs chorégraphies si variées et par les airs irrésistibles qui les accompagnent mais aussi par la convivialité qu’elles engendrent. On peut dire à juste titre que les danseurs écossais forment une grande famille. Partout où il y a des groupes de danse écossaise dans le monde, les danseurs venus d’ailleurs sont accueillis comme des amis. Ces danses font tomber les barrières sociales et ouvrent les frontières. Les danseurs écossais sont des danseurs sans frontières, partageant le même plaisir à danser jigs, reels and strathspeys, ces belles danses que l’Ecosse nous offre si généreusement.

C’est pourquoi en 1992 à Monaco nous avons décidé de nous réunir pour pratiquer la danse traditionnelle écossaise.
Puis notre association, à but non lucratif, a été reconnue et autorisée en Principauté. Les statuts ont été approuvés par Arrêté Ministériel n° 95-38 du 20 février 1995.